Published on March 15, 2024

Pour qu’un bien immobilier à Montréal double de valeur en 20 ans, la clé n’est pas la spéculation mais l’investissement dans sa durabilité intrinsèque.

  • La valeur patrimoniale repose sur la qualité de la structure et des matériaux, capable de traverser les décennies (comme les plex en pierre calcaire).
  • Le contrôle total sur l’entretien et l’absence de cotisations spéciales imprévues donnent un avantage financier décisif aux propriétés de type plex sur les condos modernes.
  • L’obsolescence énergétique est le nouveau risque majeur ; un bâtiment passif ou à haute efficacité énergétique est une assurance contre la dévalorisation future.

Recommandation : Analysez chaque propriété non pas pour sa valeur marchande actuelle, mais pour sa capacité à résister au temps et aux futures normes énergétiques. Pensez comme un bâtisseur, pas seulement comme un investisseur.

L’ambition de tout investisseur immobilier à long terme est simple : voir son patrimoine non seulement se préserver, mais croître de manière significative. Face à un horizon de 20 ans, la question n’est plus de savoir si le marché montréalais va monter, mais quel type de propriété va capter le plus de valeur. Beaucoup se concentrent sur l’adage “l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement”, misant sur le développement d’un quartier ou la proximité d’une future station de REM. Ces facteurs sont importants, mais ils ne constituent que la moitié de l’équation.

La sagesse conventionnelle oppose souvent le charme de l’ancien, avec ses rénovations potentielles, à la tranquillité apparente du neuf. On pense à tort que le risque se situe uniquement dans les vieilles structures. Pourtant, une part croissante de la construction récente, conçue pour un profit rapide, révèle des faiblesses prématurées qui anéantissent la plus-value espérée. Mais si la véritable clé de la valeur patrimoniale ne résidait ni dans l’âge, ni seulement dans le quartier, mais dans l’ADN architectural et la qualité matérielle du bâtiment lui-même ?

Cet article propose une nouvelle grille de lecture pour l’investisseur visionnaire. Nous allons délaisser la spéculation à court terme pour nous concentrer sur la pérennité structurelle et énergétique. C’est en apprenant à décoder la durabilité intrinsèque d’un bien que l’on peut véritablement parier sur son avenir. Nous analyserons pourquoi certains bâtiments centenaires de Montréal sont aujourd’hui plus recherchés que jamais, comment inspecter un bien pour prédire sa longévité, et pourquoi les normes de demain, notamment énergétiques, redéfinissent déjà les gagnants et les perdants du marché de 2044.

Ce guide est conçu pour vous aider à comprendre la structure de la valeur à long terme. Explorez les sections ci-dessous pour bâtir une stratégie d’investissement résiliente, capable de traverser les cycles et de générer une véritable richesse patrimoniale.

Pourquoi certains styles architecturaux montréalais résistent-ils depuis 100 ans ?

La longévité d’un investissement immobilier est directement liée à l’ADN architectural du bâtiment. À Montréal, certains styles ont prouvé leur résilience non pas par hasard, mais grâce à une conception et des matériaux intrinsèquement durables. Le plex montréalais, qu’il soit duplex ou triplex, en est l’exemple parfait. Représentant 78% des résidences de la ville en 2016, sa conception offre une densité optimale tout en favorisant une efficacité énergétique passive grâce à ses murs mitoyens et à sa capacité de ventilation croisée. Cette intelligence conceptuelle lui confère une désirabilité qui traverse les époques.

Au-delà de la forme, la matérialité est un facteur décisif. La fameuse pierre calcaire grise de Montréal, omniprésente dans les constructions d’avant 1918, est un pilier de cette durabilité. Selon une analyse architecturale publiée dans La Presse, bien que cette pierre nécessite un rejointoiement tous les 25 à 30 ans, sa robustesse structurelle est centenaire. C’est un coût d’entretien prévisible qui garantit la préservation de l’enveloppe du bâtiment, et donc de sa valeur. Contrairement à des revêtements modernes qui peuvent se décolorer ou se fissurer en moins de 15 ans, la pierre de qualité constitue une base solide pour un patrimoine à long terme.

L’escalier extérieur en fer forgé, autre signature montréalaise, participe également à cette logique de pérennité. En déplaçant la circulation verticale à l’extérieur, il maximise l’espace de vie intérieur, un atout majeur pour la location et la revente. Son entretien, bien que régulier (peinture), est simple et peu coûteux par rapport à la gestion d’espaces communs intérieurs. Ces éléments ne sont pas de simples détails esthétiques ; ils sont le fondement d’un modèle économique et structurel résilient qui explique pourquoi ces bâtiments continuent de surperformer.

Investir dans un bien doté de cet ADN, c’est acheter plus qu’un logement : c’est acquérir une part du patrimoine bâti dont la valeur a déjà résisté à l’épreuve du temps.

Comment inspecter la structure et l’enveloppe d’un bâtiment pour prédire sa durée de vie ?

Prédire la valeur future d’un immeuble sur 20 ans commence par une analyse rigoureuse de ce qui ne se voit pas au premier coup d’œil : sa santé structurelle. Une inspection préachat standard est un bon début, mais un investisseur avisé doit apprendre à lire les signaux faibles qui trahissent des problèmes coûteux à long terme. L’enveloppe du bâtiment, soit les murs, la toiture et les fondations, est votre principale source d’information. Des murs de briques qui semblent en bon état peuvent cacher des “ventres-de-bœuf”, ces gonflements causés par l’infiltration d’eau et la dégradation des ancrages muraux, un problème fréquent au Québec.

L’inspection visuelle doit être méthodique. Cherchez les micro-fissures dans le mortier, surtout près des fenêtres et au sommet des murs. Elles sont souvent le premier signe d’un mouvement structurel ou d’un besoin de rejointoiement. Un drainage défaillant est une autre source de problèmes majeurs. Des gouttières bouchées ou mal orientées peuvent saturer les fondations en eau, accélérant leur dégradation et favorisant l’apparition de problèmes comme l’ocre ferreuse.

Gros plan macro sur un mur de brique montréalais montrant des signes de détérioration avec mortier effrité et micro-fissures
Written by Sophie Gagnon, Sophie Gagnon est courtière immobilière agréée depuis 12 ans, titulaire d'un baccalauréat en administration de l'Université de Sherbrooke et certifiée par l'Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ). Elle se spécialise dans les propriétés patrimoniales et les condos neufs du centre-ville de Montréal au sein d'une agence indépendante.